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Article de l’ESSOR ISÈRE

« Je garde, par coquetterie, le directeur du centre pénitentiaire de Grenoble-Varces pour la fin. Je ne sais si vous allez passer une bonne soirée mais sachez que notre amitié ne sera jamais remise en cause. Vous faites ce que vous pouvez avec ce qu’on vous donne… » Me Jean-Yves Balestas, bâtonnier du Barreau de Grenoble jusqu’à la fin du mois de décembre, a laissé entendre par ces mots, ce qui constituerait le fil rouge de la soirée de ce vendredi 1er décembre au palais de justice de Grenoble.

Fanny Marion et la prison de Varces fil rouge de la rentrée solennelle du Barreau de Grenoble

Dans une salle pleine à craquer, le bâtonnier et la vice-bâtonnière, Sylvia Rizzi, ont présidé l’audience solennelle de rentrée du Barreau de Grenoble. Une minute de silence a d’abord été respectée en hommage aux avocats décédés durant ces deux dernières années. Parmi les noms des défunts, celui de Fanny Marion a particulièrement raisonné. Cette jeune avocate de 31 ans a été victime d’un terrible accident de la route en Italie en août dernier. Sylvia Rizzi a annoncé que l’espace avocat, « espace de travail et de convivialité » qui sera prochainement rénové, portera le nom de Fanny Marion.

Fanny Marion a inspiré le thème du concours d’éloquence Abecassis 2023, la liberté. Et c’est Me Arnaud Lagana qui en est le lauréat. Le jeune avocat, qui a prêté serment en décembre 2022, a fait une lecture publique de son texte à rimes, rédigé à la manière d’un slam, et intitulé Détenus, oubliés de la liberté. Pour la deuxième fois de la soirée, la prison de Varces était citée dans cette plaidoirie dénonçant une justice exagérément carcérale et affirmant avec conviction, en guise de conclusion, que le « principe était, est et restera la liberté ».

Toujours dans un but de dénonciation des conditions de détention à Varces, Jean-Yves Balestas a, de son côté choisi d’interpréter un dialogue fictif entre lui-même et sa petite-fille, Alicia, telle une pièce de théâtre :

– « Papou, toi qui es le chef des avocats, pourquoi tu laisses partir ces messieurs dans cette horrible maison ? Pourtant tu es le plus fort des papous! Ces messieurs ils ne pourront jamais grandir comme moi ! » 

– « Tu as raison, Alicia, mais je t’assure qu’avec mes copines et mes copains avocats ont essaie de bien faire changer les choses. »

Dominique Simonnot, contrôleuse des lieux de privation de liberté : « L’État va être obligé de prendre son courage à deux mains »

Tenter de faire changer les choses en saisissant le tribunal administratif de Grenoble en urgence notamment. Une démarche qu’a tenue à saluer Dominique Simonnot, contrôleuse des lieux de privation de liberté, et autrice d’un rapport accablant sur les conditions de détention à la prison de Varces à la suite de son énième visite en juillet. C’est elle qui a pris la parole en dernier lors de cette audience de rentrée :

« Les recours portés par les avocats appuyés sur nos rapports et portés par certaines associations tel l’Observatoire international des prisons, cela donne des résultats formidables. […] Maintenant qu’avec les avocats on forme une bonne bande, l’État, à force d’être condamné, va être obligé de pendre son courage à deux mains. Il a eu le courage d’affronter la rue pour les retraites. Il peut avoir le minuscule courage d’affronter une décélération carcérale avec moins de prisonniers. »

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