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Après avoir déjà pris le bâton en 2012, Jean-Yves Balestas a repris les rênes du barreau de Grenoble pour
le mandat 2022-2023 avec une exigence : revenir, pour la première fois au sein du barreau, aux côtés d’une vice-bâtonnière. Portrait.

La Gazette du Palais

Réparer les souffrances. C’est ce qui a conduit Jean-Yves Balestas à vouloir exercer le métier d’avocat et qui l’a, depuis, toujours animé dans son exercice. Pourtant, échaudé par un père avocat et absent, il avait au départ passé le concours de la marine marchande pour devenir marin. « Après un stage de six mois en mer, je me suis aperçu que l’aspect humain me manquait » raconte ce natif de Saint-Marcellin qui, très vite, s’est ensuite engagé dans des associations d’aide aux détenus et aux sans-logis. « Tout cela nécessitant des connaissances juridiques, cela m’a conduit à m’inscrire à la faculté de droit de Grenoble, où j’ai obtenu une maîtrise de droit privé », indique l’avocat.

D’un mandat à l’autre. En 1982, Jean-Yves Balestas débute sa carrière à Chambéry. Mais au bout de cinq ans, son père l’appelle pour lui demander de venir exercer à ses côtés à Grenoble. Une période qu’il décrit comme compliquée… « Lorsque l’on a un père avec une personnalité comme la sienne, ce n’est pas facile d’exister » souffle celui qui reprendra ensuite le flambeau de ce cabinet généraliste qui compte aujourd’hui trois associés et quatre collaborateurs. L’avocat y exerce en droit des assurances et des responsabilités pour une clientèle composée de compagnies d’assurances, en droit pénal et de la famille et en droit administratif. En parallèle, Jean-Yves Balestas est élu dans sa ville natale de Saint-Marcellin comme maire adjoint et président de la CCAS. Depuis 2015, il y préside également la commission départementale du Droit opposable au logement et à l’hébergement, tout en s’impliquant également dans la vie ordinale de son barreau ; après avoir été six ans membre du conseil de l’ordre, il a ainsi été élu une première fois bâtonnier de Grenoble pour le mandat 2012-2013. « Au cours de ce premier mandat, nous nous sommes concentrés avant tout sur l’avenir de la profession », rapporte le bâtonnier. « Nos deux principaux chantiers ont porté sur la restructuration de la CARPA des Alpes et sur la création d’une association de bâtonniers regroupant plusieurs barreaux de la vallée de l’Isère et des Alpes, afin d’avoir une politique commune et de mutualiser nos actions. » Pour l’avocat, les ordres et les bâtonniers ne sont en effet pas parvenus à s’adapter suffisamment à la nouvelle organisation directionnelle des juridictions qui exigent un dialogue permanent entre elles et le barreau. Parmi les raisons évoquées, des mandats de deux ans non renouvelables qui ne permettent pas selon lui de mener une politique à long terme. « Nous devons mutualiser nos tâches entre barreaux d’une même cour d’appel afin d’être plus efficaces et de mieux répondre aux demandes de nos confrères », affirme-t-il.

L’union fait la force. C’est notamment pour poursuivre cette politique que Jean-Yves Balestas a rendossé son costume de bâtonnier pour le mandat 2022-2023. À une volonté près : celle de ne plus subir la solitude de son premier mandat et d’avoir à ses côtés une vice-bâtonnière, Sylvia Rizzi. Une première pour le barreau grenoblois, qui compte actuellement 650 avocats en activité. « Il n’y a pas de subordination entre nous ; nous nous sommes partagé les tâches et notre connivence est totale », affirme l’avocat. « À deux, nous sommes plus efficaces et avons la possibilité de mieux faire comprendre notre politique. » Ce qui ne les a pas empêchés de rencontrer quelques obstacles dès le début du mandat, notamment de la part du conseil de l’ordre lorsque le tandem a exprimé le souhait de réintégrer la Conférence nationale des bâtonniers et celle des bâtonniers Rhône-Alpes. « Il nous a fallu un an pour pouvoir obtenir un vote favorable du conseil de l’ordre » soupire le bâtonnier. À la suite des États généraux de la justice et au décret sur les MARD qui en a découlé, le binôme a également exprimé le souhait de créer des centres de médiation à Grenoble. « Depuis le 1er novembre 2023, les textes nous imposent la médiation à marche forcée. Si notre barreau a investi ce nouveau champ d’intervention, beaucoup de nos confrères ne sont pas préparés à ce bouleversement », souligne Jean-Yves Balestas. « Lorsque le garde des Sceaux est venu à Grenoble, j’ai donc suggéré de mettre en place des formations communes aux avocats et magistrats, ce qu’il a accepté. » Via sa commission Action citoyenne, le barreau s’est également engagé face à la déscolarisation des collégiens et organisé des actions dans chaque collège de la région autour du thème « Droit et écologie », qui se sont soldées par un spectacle des collégiens en juin 2022. Appelée « Lex Natura », l’initiative est une fierté du bâtonnier qui a relancé la campagne pour cette année. Et qui, à 67 ans, envisage par la suite de s’investir encore davantage dans la formation, notamment au sein de l’École des avocats de la région Rhône-Alpes. « L’idée est de faire en sorte que cette école, actuellement centralisée à Lyon, redevienne vraiment régionale », explique-t-il. Les combats continuent.

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