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« Les mois qui viennent de s’écouler ont été difficiles ». Evelyne Tauleigne, bâtonnier de l’ordre des avocats de Grenoble, manie l’euphémisme avec un grand sourire. Tout avait déjà commencé en décembre de l’an dernier, avec la mise en œuvre de la réforme de la procédure civile qui a paralysé une partie de l’activité judiciaire pendant un bon mois. Les avocats ont enchaîné avec une grève de deux mois pour protester contre la perspective de la disparition de leur régime autonome de retraite. Vint alors le confinement et une institution judiciaire quasiment arrêtée pendant quelques semaines… et l’on tente aujourd’hui de rattraper le retard accumulé. Car il faudra être prêt pour septembre… et la réforme du divorce et de la justice pour mineurs.

Au cours de la présentation à la presse du dispositif d’aide aux avocats conçu par le conseil régional.

Autant dire que la trésorerie des cabinets d’avocats est extrêmement tendue. « Nous avons fait un sondage à la mi avril, expliquait Evelyne Tauleigne, d’où il ressort que 10% des avocats grenoblois envisagent de quitter une profession dont ils ne parviennent plus à vivre ».

Cette information, elle la communiquait à deux élues, deux conseillères régionales, Catherine Bolze et Catherine Béranger, qui faisaient escale à la maison de l’avocat ce lundi 29 juin. Elles étaient porteuses d’une bonne nouvelle : la Région Auvergne-Rhône-Alpes apporte une aide financière conséquente aux avocats qui exercent sur son territoire. Une aide qui sera gérée par les barreaux eux-mêmes : pour ce qui concerne celui de Grenoble, la subvention s’élèvera à 250 000 euros, à charge pour le barreau de décider de sa répartition entre les cabinets. Le conseil de l’ordre des avocats se réunira le 6 juillet pour décider des modalités d’affectation de ces aides.

« Un geste particulièrement bienvenu, soulignait Evelyune Tauleigne, dans la mesure où les dispositifs de prêts sans intérêts proposés par l’État, auxquels peuvent accéder les avocats comme toutes les petites entreprises, ne sont pas forcément adaptés : les confrères craignent de s’engager sans savoir si leur activité sera suffisante pour assurer un remboursement ».

Evelyne Tauleigne, bâtonnier de l’ordre des avocats de Grenoble.

Ces dispositions régionales ont été prises à l’issue d’une consultation par visioconférence à laquelle l’ensemble des bâtonniers de la grande région ont participé avec le président du conseil régional, Laurent Wauquiez.

Ces aides régionales comportent plusieurs volets :

Aide à l’installation de protection type plexiglass

  • Versement d’une aide à l’installation de protections plexiglass pour l’accueil des cabinets recevant du public (plafond de 500 € par dispositif)
  • Dispositif  prolongé jusqu’au 15 juillet et prise en charge des protections déjà installées

Aide à la profession

  • versement d’une aide financière aux barreaux (250 000 euros pour celui de Grenoble)  afin de leur permettre d’alléger le poids des cotisations ordinales ou d’abonder des fonds de solidarité spécifiques

Accès au fonds région unie

  • Accompagnement : des avances remboursables de 3 000 € à 20 000 €, à taux zéro, amortissables sur 5 ans, dont 2 ans de différé dont pourront bénéficier les cabinets d’avocats comme les autres professions libérales
  • Les demandes sont instruites par les opérateurs des dispositifs de soutien à la création d’entreprise et les avances remboursables sont versées par la Région.

De quoi maintenir dans la profession certains cabinets aujourd’hui sur le fil après six mois d’activités limitées.

Nathalie Béranger et Catherine Bolze, conseillères régionales.