L’exercice a ses règles. A commencer par celles qui régissent le discours de présentation de l’impétrant. Les grandes dates de sa carrière, les mérites qui ont suscité l’admiration de ses pairs, quelques allusions plus personnelles… Un brin d’émotion, forcément…
L’émotion, elle traversait la salle dès l’ouverture des festivités qui rassemblaient les avocats grenoblois au soir du 30 juin, au cours de laquelle neuf avocats furent admis à l’honorariat au terme de leur carrière professionnelle. Emotion suscitée par la montée à la tribune d’Andrii Lunienkov et de sa famille ukrainienne, réfugiés que le barreau de Grenoble a décidé de soutenir. Andrii Lunienkov, avocat ukrainien contraint à l’exil avec les siens.
Vint alors le tour des avocats qui accèdent à l’honorariat après avoir pris leur retraite. Les éloges surent respecter les canons du genre en évoquant les dates d’entrée dans la profession et les grandes étapes du déroulement de carrière. Où l’on apprend, avec Eric Fichter aujourd’hui président des avocats honoraires du barreau de Grenoble et dont la présentation fut assurée par le bâtonnier Balestas, que les avocats stagiaires pouvaient, dans les années 70, n’être pas rémunérés. Une autre époque.
Ces discours de présentation, c’est aussi l’occasion de relever les évolutions du métier. A la fin des années 70, Philippe Galliard fut ainsi l’un des pionniers de l’informatisation des cabinets d’avocats. Il avait créé une association dévolue à ce qui pouvait faire figure de croisade en ces temps anciens. Il est l’auteur du premier manuel de jurisprudence informatique. Évolution importante également que cette réforme de 1990 qui a intégré les conseillers fiscaux à la profession d’avocat. Ce que rappelait Marc Tournoud en évoquant la carrière de Gérard Arbor : la profession n’est pas uniquement composée d’avocats dits « de souche ». Sans oublier les étapes de la vie du barreau de Grenoble. L’association culturelle du barreau fut ainsi animée par Eric Fichter, tout comme l’association sportive est marquée de l’empreinte de Marianne Tourrette.
Des moments plus personnels, aussi. Sylvia Rizzi, vice-bâtonnière, faisait ainsi part de l’amitié qui la lie à Jean-Marie Ostian et Christiane Jacquet-Ostian depuis… un temps certain. Tous trois n’avaient pas imaginé se retrouver à pareille fête. Très personnel encore le poème prononcé par Bernard Collomb pour décrire le parcours d’Henriette Derrida.
Autre tradition des « pots de départ à la retraite », si l’on ose la comparaison, celle de l’humour. Dans leurs remerciements nombre des avocats désormais honoraires ne manquaient pas d’inviter leurs confrères actifs à poursuivre leur efforts pour payer leur retraite. Tandis que, dans une profession où le face à face dans les prétoires est la règle, Henriette Derrida s’excusait auprès de ses confrères de la longueur de ses plaidoiries.
A l’issue de ces instants tant protocolaires que chaleureux, la soirée s’est poursuivie dans une ambiance des plus conviviales.