Vingt-six avocats ont fait leur entrée dans la profession en prêtant serment lors d’une audience exceptionnelle au palais de justice de Grenoble. Il exerceront dans les barreaux du ressort de la cour d’appel.
« Un accusé est cuit quand son avocat n’est pas cru ». Jacques Dallest, procureur général, avait choisi de citer Pierre Dac pour clore ses réquisitions. C’est que l’audience était particulière : le 9 décembre dernier, vingt-six avocats y étaient convoqués pour prêter serment et faire ainsi leur entrée dans les barreaux de Grenoble, Vienne, Bourgoin-Jailleu et Valence.
Sur les fonds baptismaux, Pascale Vernay, Première présidente de la cour d’appel de Grenoble, Jacques Dallest, procureur général, et David Roguet, bâtonnier de l’ordre des avocats de Grenoble. C’est dire que l’ambiance était solennelle pour entendre chacun des impétrants prononcer ces simples mots, « je le jure ».
Comme le rappelait Pascale Vernay, il ne s’agit plus comme sous Philippe III le Hardi en l’an de grâce 1274, de jurer la main sur les Evangiles et de prêter allégeance à un roi ou un empereur. Les nouveaux avocats prêtent aujourd’hui serment d’indépendance, au contraire. « Je jure, comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité. »
La conscience, Jacques Dallest en livrait sa lecture. « Le sérieux de l’exercice de votre profession, disait-il, c’est de parfaitement connaître les faits et le droit pour en tirer toutes les ressources utiles » pour la défense. Il appelait ainsi les nouveaux avocats à « ne pas plaider joli, mais plaider utile ». Tout en rappelant que « l’humour est le remède ordinaire de la vanité ». Ne dit-on pas qu’un « homme qui a ri est rarement un juge sévère »…
Le bâtonnier David Roguet se félicitait du nom choisi pour cette promotion 2019, celui de Simone de Beauvoir. Pour le bâtonnier, c’est là marquer combien l’essence du métier d’avocat est le combat pour la liberté, combat exigeant, combat d’engagement. « Vous serez impertinents souvent, insolents parfois, libre toujours », lançait-il.
Humanité. Ce mot par lequel s’achève le serment des avocats était mis en exergue par les magistrats et le bâtonnier. « Vous aurez à relever les défis de demain, notait le bâtonnier à cet égard, pour la justice soit conduite par des hommes et seulement par des hommes », faisant allusion aux tentations de déshumanisation du système judiciaire. Tandis que Pascale Vernay disait son admiration pour des avocats qui travaillent un dossier en aide juridictionnelle – dont les honoraires sont encadrés- « avec le même sérieux et la même fougue que n’importe quel autre ». Des avocats qui mettent « leur courage au service de petites gens » et qui sont « l’honneur de votre profession ».
Il était temps pour les jeunes avocats – de jeunes avocates, majoritairement – de rendre les armes aux exigences familiales. La séance de photos, ponctuée de larges sourires et de larmes furtives, s’est alanguie sur les parquets du palais de justice avant une réception à la maison de l’avocat.
« Bienvenue dans la profession ». Des mots de David Roguet qui raisonneront longtemps dans les mémoires.