Le 1er décembre dernier, c’est dans l’enceinte symbolique du palais de justice, que l’Ordre des avocats grenoblois avait convié ses invités pour une rentrée solennelle, en forme de bilan du bâtonnat de Me Jean-Yves Balestas et de Me Sylvia Rizzi.
Une rentrée solennelle se teinte de la personnalité de son bâtonnier et des engagements qui lui tiennent le plus à cœur. Celle de 2023 n’a pas dérogé à la règle. Pour ce deuxième exercice, dix ans après son premier bâtonnat, Me Jean-Yves Balestas s’est inscrit dans la lignée de ce Barreau grenoblois, fort de son histoire et de ses combats, faisant s’installer, chacun à leur tour, les anciens bâtonniers, puis remettant avec la vice-bâtonnière Me Sylvia Rizzi et la bâtonnière élue Me Michèle Girot-Marc, trois épitoges d’honneur à Mes Jean-Pierre Joseph, Alain Fessler et Jean Eisler, pour saluer leur plus de cinquante ans de barre.
Défenseurs des libertés
Le fil conducteur de cette rentrée aura été aussi un plaidoyer en faveur de la défense de la liberté, un rôle premier des avocats. C’était tout le sujet de la plaidoirie en vers et slamée de Me Arnaud Lagana, lauréat 2023 du prix Abécassis, sur le thème « Les détenus oubliés de la liberté ». Le jeune avocat exhortait à « repenser la détention », illustrant son propos des déplorables conditions de détention, en particulier au centre pénitentiaire de Grenoble-Varces. Un cheval de bataille du Barreau depuis longtemps, qui vient de déposer une requête en référé liberté au tribunal administratif de Grenoble pour enjoindre le ministère de la Justice à faire les travaux d’urgence, avant de lancer la construction d’un nouveau bâtiment. « À l’État de prendre ses responsabilités pour que nous n’ayons pas honte de nos prisons et que nous n’abandonnions pas ceux qui y sont enfermés et les personnels qui les gardent », renchérissait le grand témoin de la soirée, Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, qui a rendu, en juillet dernier, un nouveau rapport plus qu’accablant sur le centre pénitentiaire de Varces.
Médiation et IA
S’exprimant en parfait binôme, le bâtonnier Me Jean-Yves Balestas et la vice-bâtonnière Me Sylvia Rizzi ont pointé les axes forts de leur mandat (la relation fructueuse entretenue avec les magistrats ou le retour à la Conférence national des Barreaux, avec la toute fraîche élection de Me Rizzi et Me Brasquies), mais aussi les prochains enjeux pour la profession, qui s’adapte à la politique amiable (« Nous espérons voir naître cette révolution annoncée pour la Justice fonctionne mieux »), travailler encore davantage à l’égalité hommes-femmes (« Les avocats sont l’une des professions judiciaires les plus féminisées, mais 30 % des femmes abandonnent avant leur dixième année d’exercice », selon Me Rizzi)ou les impacts de l’intelligence artificielle sur le métier d’avocat : « Veillons à ne pas lui ressembler par notre culture juridique et notre éthique. La médiation est votre avenir professionnel, car l’IA ne pourra pas vous remplacer », assurait Me Balestas, terminant son discours par « le droit a besoin de gardiens, les juges et de sentinelles, les greffiers et les avocats ».