La promotion 2022 des nouveaux médiateurs a reçu ses diplômes le 23 mars à la maison de l’avocat à Grenoble.
« Il y a des choses qu’un juge ne verra jamais. » Jean-Paul Wyss, président du tribunal administratif de Grenoble, soulignait ainsi l’intérêt de la médiation et plus généralement des « modes alternatifs de règlement des différends ». Modes que Pascal Vernay, première présidente de la cour d’appel de Grenoble, qualifiait « d’intelligents, plus que d’alternatifs ».
Les deux magistrats s’exprimaient devant les nouveaux titulaires du diplôme de médiateur. Diplômes qu’ils se sont vus remettre le 23 mars à la maison de l’avocat.
Autant dire que les acteurs de la justice, dans la diversité de leurs missions, sont aujourd’hui nombreux à souhaiter voir se développer les alternatives au passage devant un tribunal. Pour des raisons d’amélioration du fonctionnement de la justice, certes. Moins de recours à un juge – même si mode alternatif ne signifie pas systématiquement éviter la case tribunal-, contribue au désengorgement des audiences. Mais peut-être surtout, comme le notait Jean-Paul Wyss, parce que cette procédure, « c’est un règlement où il n’y a ni perdant ni gagnant ».
Paradoxalement, c’est peut-être là l’un des freins à un recours plus systématique à la médiation. « Les justiciables souhaitent parfois gagner par un jugement du tribunal, plutôt que discuter et régler leur différend avec la partie adverse », notait Pascale Vernay tout en soulignant que des freins existent aussi du côté des magistrats et des avocats. « Nous devons mieux convaincre les administrations », constatait pour sa part le précisent du tribunal administratif.
Le bâtonnier Balestas tout comme Sylvia Rizzi, vice bâtonnière, Evelyne Tauleigne et Corinne Beaufour-Garaude, responsables de la commission MARD du barreau de Grenoble, n’en relevaient pas moins tous les avantages des procédures alternatives – la médiation est loin d’être le seul dispositif susceptible d’être mobilisé dans ces procédures « intelligentes ».
Des processus qui ne s’improvisent pas. Ils demandent à être mis en œuvre par des acteurs formés. La remise de diplôme de ce 23 mars venait ainsi marquer le terme de sessions de formation d’une durée totale de deux cents heures. Ces formations, crise sanitaire oblige, se sont déroulées pendant deux ans et elle ont été suivies par une trentaine de stagiaires. Ce sont principalement des avocats qui en ont bénéficié, mais elle est ouverte à tous. Car «les médiateurs sont des ravaudeurs du tissu relationnel, du tissu social » avant que d’être des juristes, relevait François Savigny, formateur de l’Institut de formation à la médiation et à la négociation (Ifomene), chargé d’assurer ce cursus qualifiant.
Une idée fait son chemin : trouver une solution à un différend, ce n’est pas nécessairement solliciter un tribunal.