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Le 12 mars dernier, madame Nasrin Sotoudeh, avocate iranienne, militante acharnée du droit des femmes, était condamnée par le régime de Téhéran, à 33 ans d’emprisonnement et 148 coups de fouet pour « incitation à la débauche ».

Pour marquer le soutien des avocats de Grenoble et sensibiliser le public sur le sort de sa consœur iranienne, David Roguet, bâtonnier de l’ordre des avocats de Grenoble, a écrit le poème que l’on pourra lire ci-après.

 

NASRIN

 

« Femme ! Regarde-moi ! » a vomi l’homme assis.

Là, sur son estrade, le juge rit, la toise.

Elle, tête haute et nue, son corps amaigri,

Résiste. Elle n’est pas de celles qu’on apprivoise.

 

Ses accusateurs sont, sans procès, ses bourreaux.

« Tais-toi et médite la sentence des pieux ! ».

Le bruit sourd des fouets et la nuit des cachots,

Voilà ! pour avoir juste montré ses cheveux.

 

On les entend : « sois contente car en Iran,

Les impies comme toi, on les marque au fer rouge ».

Sur la place publique, on les lynche, on les pend,

Et sans que le monde tant occupé ne bouge.

 

Ce n’est pas les femmes seulement qu’on fait taire :

Les militants, les opposants, les avocats.

Contre le crépuscule, digues libres et fières

Qui ne cèdent pas devant les ayatollahs.

 

Dites-leur à ces gens-là, ces inquisiteurs :

« Non ! le Prophète n’a jamais voulu cela.

Vous êtes des faussaires, d’odieux imposteurs,

Indignes de convoquer le beau nom d’Allah ».

 

Pendant le verdict, Nasrin est restée debout.

Elle n’a pas vacillé : posture d’un Roi.

Demain sans doute, elle s’effondrera sous les coups,

Rêvant aux lumières du Tahrir al-mar’a.

 

 

Le 20 juillet 2019

David ROGUET

Bâtonnier de l’Ordre