Le climat, à la maison de l’avocat? « Les juristes sont des citoyens, constate Marie-Jeanne Pascal-Montoya, à ce titre, ils sont concernés comme tout le monde par le changement climatique et ses conséquences qui marquent déjà notre vie quotidienne« . Ce sera donc le thème de la conférence proposée le mardi 26 mars à 18 heures par le Groupement dauphinois des avocats honoraires que préside maître Pascal-Montoya.
Pour être citoyens, les avocats n’en sont pas moins concernés plus directement encore par les bouleversements qui s’annoncent. « L’avocat, c’est aussi un professionnel du droit qui anticipe sur les évolutions à venir, note Marie-Jeanne Pascal-Montoya, et elles s’annoncent importantes dans le domaine de l’économie et donc du droit ». Car les modèles économiques et juridiques de la vie à la montagne ont devant eux quelques décennies d’espérance de vie, à l’image de celle des glaciers alpins. « Les investissements qui sont aujourd’hui réalisés en station le sont pour une durée d’une vingtaine d’années; après, on ne sait pas très bien », précise Marie-Jeanne Pascal-Montoya. Il faudra alors réfléchir à l’évolution des conventions passées entre les collectivités territoriales et les délégataires privées, pour ne prendre que cet exemple. Le droit de l’environnement sera directement concerné par d’éventuels conflits d’usage des ressources en eau, dont les canons à neige sont friands. « Nous nous préparons à un saut dans l’inconnu, sous bien des aspects et il est dès maintenant nécessaire de se former et de suivre les acquis de la recherche scientifique pour être prêt à intervenir sur les dossiers juridiques desquels nous pourrions être saisis, sans que l’on n’en connaisse aujourd’hui les contours. »
La conférence du 26 mars marquera de ce point de vue un moment important d’acquisition de connaissances : les intervenants invités sont des chercheurs de renommée internationale. Gaël Durand, directeur adjoint de l’Institut des géosciences de l’environnement, un laboratoire de recherche grenoblois, explicitera notre compréhension du système climatique depuis l’Antiquité, telle que les chercheurs ont pu la construire à partir des carottages dans les glaces du Groenland et d’Antarctique. Il montrera en quoi les évolutions climatiques naturelles constatées au cours des âges diffèrent du changement actuel, produit par les activités humaines. Il livrera également au public un bilan de santé des glaciers alpins, voués à la disparition.
Patrick Ginot, chercheur à l’IRD et engagé dans le programme international Ice memory, abordera le climat sous l’angle de la mémoire des climats que conservent les glaces. Ice memory, c’est la création d’une carothèque d’archives glacières, dont l’objet est la préservation de la mémoire des glaciers des zones tempérées du monde entier. Ce patrimoine, propriété de l’humanité, fournira aux scientifiques des décennies et des siècles à venir la matière première nécessaire au progrès de la science de demain et au bien-être des générations futures.
Cette soirée sera par ailleurs le cadre d’une intervention de Anne-Catherine Ohlmann, de la Fondation de l’université Grenoble Alpes qui finance le programme Ice memory. « Nous allons innover, précise Marie-Jeanne Pascal-Montoya, nous allons présenter au public les moyens de soutenir cette fondation; c’est la première fois que cela se fera ainsi et le déroulement de cette conférence permettra à la fondation de travailler sur la possibilité de développer ses actions grâce à un financement citoyen. »
A noter également que le documentaire Ice memory, réalisé par Sarah Del Ben, sera projeté au cours de la soirée.
Ce beau projet émane du Groupement dauphinois des avocats honoraires. Une institution ouverte à tous les avocats retraités qui travaille en lien étroit avec le barreau de Grenoble, organise des conférences, des sorties culturelles et contribue de façon substantielle à l’ouverture sur la vie de la cité du barreau et de la maison de l’avocat.